Le blues de l’entrepreneur
Est-ce que vous rêvez d’être l’entrepreneur qui va lancer le prochain produit qui va changer les habitudes de millions d’utilisateurs? Est-ce que vous avez l’âme d’un innovateur qui a des “business models” qui vont révolutionner le marché plein la tête ? Et est-ce que vous avez le trac en essayant de convaincre une assemblée d’investisseurs que votre plan est une certitude de succès dans l’océan d’incertitudes qu’est le vaste marché là, dehors?
Si vous avez souvent fredonné ce “blues de l’entrepreneur”, il y a des possibilités de le changer en hymne à la joie, en s’affranchissant des levées de fonds lourdes, sacrifices personnels et désillusions.
Une idée innovante est une hypothèse !
Le Produit Minimum Viable
Vous avez une idée brillante? Excellent. Christophe Colomb en avait une aussi: “On peut arriver en Inde en naviguant vers l’Ouest”. Ca lui a pris une vie et l’argent du trésor des leurs très catholiques majestés pour que la postérité apprenne qu’il s’était trompé. Et lui, même, le grand Christophe Colomb, est mort en était convaincu qu’il a gâché sa vie: il n’est pas arrivé au “Grand Fleuve” ( le Gange) en tenant le cap sur l’Ouest
Bon, il est maintenant célèbre. Mais il a dédié sa vie a une idée innovante à couper le souffle de ses contemporains, qui était … une fausse hypothèse.
Des entrepreneurs de nos jours ont aussi sacrifié leur talent, énergie, et argent pour de fausses hypothèses. Il y a quelques années , Eric Reis , l’inventeur du Lean Start-up a lancé un ensemble d’idées qui ont secoué la pensée sur la stratégie des produits. Voilà sa proposition:
Si, au lieu d’investir tout ce que nous avons pour réaliser une idée qui nous habite, on essaie de trouver les moyens de valider, avec le moindre investissement, notre idée auprès de nos très convoités clients ?
Autrement dit, créer des produit de type, hmm… “minimum syndical”? Eh, oui, présenter une version de votre produit (résultat de votre idée innovante) qui fait juste le minimum pour savoir s’il donne envie d’être utilisé? Eric Reis a appelé ce version de produit, “Le Produit Minimum Viable”. A quoi va-t-il servir ? A faire valider votre hypothèse par vos ( futurs) clients. Vous voulez peut-être un exemple? Si vous êtes un metteur en scène et vous faites la bande d’annonce du film, la mettez en ligne, et vous attendez les retour du public, avant de réaliser votre film à quelques millions d’euros? Et si les retours du public du coup confirmaient (presque) que vous allez faire des dizaine de millions d’euros avec votre film? Ou que, au contraire, c’est un peu moyen, et que vous pouvez penser à un autre scénario, tout en n’ayant pas dépensé les millions pour réaliser votre film?
Le modèle de mon business
Vous vous dites que le produit est une chose mais le business model en est une autre, toute aussi, voir plus, importante. Des gourous de la stratégie business disent que ce ne sont pas les produits qui sont révolutionnaires , mais le business model. Ils sont raison . En tout cas, je ne vois pas de raison (valable) pour qu’ils n’aient par raison. Et bien, créer votre business model vous donne une idée de ce que votre Produit Minimun Viable sera et pour cela, il y a des outils bien utiles: des jolis modèles pour dessiner et tailler le canevas de votre business, et ils se regroupent dans la famille qui s’appelle… eh bien… “business canvas” . En général ces “patrons” sont en anglais. Je vous prépare un billet dédié à la création des canevas d’un business model . Promis!
Comment valider une hypothèse?
Mesures, tests et données
Si vous avez déjà lancé votre produit minimum viable , il est temps d’agir en conséquence. En conséquence ?! Euh, en conséquence de quoi?
Eh bien, tous concentrés pour définir ce qu’il faut mettre dans ce produit minimum, n’oubliez pas de réfléchir à comment vous allez valider votre hypothèse. De quelles mesures avez-vous besoin pour évaluer vos hypothèses? Quelles données souhaitez-vous collecter en observant la réaction de vos clients/utilisateurs pour construire les mesures qui vont valider les hypothèses?
La théorie dit que les données que vous allez collecter en retour de l’utilisation produits doivent avoir le triple A. Ben oui, autant rester branchés dans les trends de l’économie mondiale, non? Plus sérieusement , qu’est ce que veut bien dire le AAA? Les données que vous collecter doivent être :
- Accessibles Dit plus simplement, l’accès aux données collectées doit être facile. Ne rêvez même pas aux traitement de 45 heures pour les avoir!
- Analysables Il faut pouvoir jouer des analyses qui font du sens pour votre business sur ces données.
- Actionnables Et tout ça doit vous permettre de prendre de décisions et agir sur la version prochaine de votre produit.
Si la fin de vos mesures vous laisse sur votre faim, hantés par la question “Et alors?”, c’est signe que vous n’avez pas les bonnes données pour décider de la suite.
Une hypothèse validée, on lance la suivante!
Itérer dans la boucle “Observation-Réaction”
Oui, il y aune suite bien sûr, car , dans l’approche du lancement minimaliste , il ne faut pas oublier le “tableau d’ensemble”. Vous êtes toujours habité par votre vision , n’est pas? C’est vers cette vision que vous voulez arriver? Alors la bande annonce toute seule ne fera pas le film de siècle.
Puisque vous avez des données excellentes qui confirment que votre idée a des chances d’être formidable, il est grand temps de passer à l’étape suivante: créer une nouvelle version de votre produit, basée sur ce que vous avez appris des mesures de la première version. C’est le moment dans lequel vous entrer dans la “boucle d’apprentissage”:
- vous construisez votre produit et vous observez la réaction ( via les données collectées)
- vous prenez des décisions selon ce que ces données vous ont appris et vous vous lancez dans un nouveau cycle de construction….
… jusqu’à ce que… le film soit fini. Ou que vous ayez changé le monde. Ou que vous lancez un autre business.
Observer, apprendre, améliorer
Tout ce qui a été raconté avant est illustré par cette boucle d’apprentissage ( “learning -loop”) :
un mode d’approche que les chercheurs et les scientifiques utilisent depuis des siècles pour observer les phénomènes naturels.
Il a fallu arriver au 21ème siècle pour que l’économie apprenne de la modestie et de la ténacité des chercheurs : on avance d’hypothèse en hypothèse jusqu’au “eureka”… ou jusqu’à la voie sans issue.
La bonne nouvelle est que dans cette approche de business adaptatif, la voie sans issue est une opportunité. Elle s’appelle Le Pivot.
Mais cela dans un prochain épisode sur les outils de l’entrepreneur …. agile.
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